Relever les défis des compétences et des nouvelles technologies en 2024

Etudes

Sondage ANEFA : Les grands défis d’aujourd’hui pour la formation dans le secteur agricole

Le secteur agricole en France joue un rôle central dans l’économie et l’aménagement des territoires. Cependant, le secteur agricole fait face à des défis croissants dus aux transformations technologiques et aux nouvelles compétences nécessaires. La montée de l’agriculture numérique, l’automatisation et l’intelligence artificielle transforment profondément les pratiques agricoles traditionnelles. Dans ce contexte, la formation professionnelle devient un levier essentiel pour répondre aux besoins des exploitants agricoles actuels. Elle est également cruciale pour attirer de nouvelles générations vers ces métiers en constante évolution.

Le sondage réalisé récemment par l’ANEFA sur LinkedIn, a permis de recueillir des retours éclairants sur les priorités perçues par les acteurs du secteur. Les résultats révèlent que le manque d’intérêt des jeunes pour les formations agricoles reste un problème majeur (40 % des répondants). Toutefois, la reconnaissance des compétences et l’adaptation aux nouvelles technologies ont également émergé comme des enjeux essentiels, chacun recueillant 23 % des voix.

Cette étude se concentre sur deux enjeux clés : la reconnaissance des compétences et l’adaptation aux nouvelles technologies. Elle explore l’impact de ces défis sur le secteur agricole et propose des solutions pour y répondre.

Reconnaissance des compétences dans le secteur agricole

1. Valorisation des compétences informelles

Dans le secteur agricole, une grande partie des compétences est acquise sur le terrain, par l’expérience quotidienne. Les travailleurs développent des savoir-faire essentiels, comme l’utilisation de machines spécifiques et la gestion des cultures. Cependant, ces compétences ne sont pas toujours reconnues par des certifications formelles. Cette absence de reconnaissance limite leur mobilité professionnelle, l’accès à des formations complémentaires et leur progression salariale.

2. Accès à la validation des acquis de l’expérience (VAE)

La Validation des Acquis de l’Expérience (VAE) est un dispositif qui permet aux travailleurs de faire reconnaître leurs compétences acquises par l’expérience et de les transformer en certifications officielles. Cependant, son accès reste limité pour les travailleurs du secteur agricole en raison de la méconnaissance du dispositif, de la complexité administrative et du manque d’accompagnement personnalisé.

3. Différences régionales et défis en zones rurales

La reconnaissance des compétences est également marquée par des disparités régionales. Dans les zones rurales, l’accès aux dispositifs de validation des compétences reste souvent difficile. Le manque d’infrastructures locales et de ressources aggrave cette situation. Les exploitants agricoles et travailleurs ruraux se trouvent souvent isolés dans ces démarches. Cela limite leur capacité à valoriser pleinement leurs compétences.

4. Suggestions pour améliorer la reconnaissance des compétences

Pour pallier ces défis, plusieurs pistes peuvent être envisagées :

  • Renforcer la sensibilisation à la VAE : Informer davantage les travailleurs agricoles sur les possibilités offertes par la VAE et simplifier les démarches pour y accéder.
  • Développer des certifications modulaires : Proposer des certifications plus souples, adaptées à des compétences spécifiques, avec un parcours progressif qui valorise les acquis informels.
  • Faciliter l’accès à l’accompagnement personnalisé : Mettre en place des services de conseil dédiés, accessibles localement, pour guider les travailleurs dans la reconnaissance de leurs compétences.

Améliorer la formation pour une agriculture 4.0

1. L’Émergence de l’agriculture 4.0

L’agriculture évolue rapidement vers l’agriculture 4.0, intégrant des outils tels que drones, capteurs connectés, intelligence artificielle et systèmes automatisés. Ces technologies modernisent la gestion des cultures en optimisant les ressources et en facilitant le travail quotidien des agriculteurs. Ces technologies offrent des gains en termes de productivité, de précision et de durabilité. Toutefois, leur adoption requiert une montée en compétences rapide des agriculteurs et des travailleurs du secteur.

2. Formations inaccessibles ou trop techniques

Un des principaux obstacles à l’adoption de ces technologies réside dans la disponibilité et l’accessibilité des formations. Souvent, celles-ci sont perçues comme trop techniques ou ne sont pas adaptées aux réalités des exploitations agricoles. De plus, les formations sont souvent centralisées en zones urbaines. Cela les rend moins accessibles aux zones rurales, pourtant prioritaires.

3. Disparités en milieu rural

Les zones rurales subissent un double désavantage : un accès limité aux formations locales et un manque d’infrastructures numériques adaptées. Le manque de connexion internet de qualité et l’accès difficile aux équipements freinent l’adoption des nouvelles technologies. Ces obstacles creusent ainsi un fossé technologique entre les territoires agricoles.

Comment y remédier :

  • Investir dans des programmes de formation continue : Proposer des formations adaptées aux besoins des exploitants agricoles, en intégrant des modules sur les nouvelles technologies et leurs applications concrètes.
  • Créer des partenariats avec des entreprises technologiques : Travailler avec des acteurs du secteur technologique pour co-concevoir des formations spécifiques, alignées sur les besoins réels du terrain.
  • Développer des formats de formation hybrides : Pour toucher les zones rurales, il est essentiel de développer des solutions hybrides, combinant formation en présentiel et à distance, avec un accès simplifié aux ressources en ligne.

Des initiatives concrètes pour accompagner la transition agricole en France

Pour montrer l’importance de la reconnaissance des compétences et de l’adaptation aux technologies, voici deux exemples français concrets.

Naïo Technologies

Naïo Technologies, une entreprise française, conçoit et déploie des robots agricoles pour automatiser des tâches comme le désherbage. En 2023, l’entreprise a renforcé ses formations en partenariat avec des lycées agricoles et des centres de formation continue. Ces formations combinent des modules pratiques et en ligne pour faciliter la prise en main des nouvelles technologies. Elles mettent l’accent sur l’acquisition de compétences en robotique agricole, rendant ces outils plus accessibles aux agriculteurs. Ce partenariat vise également à garantir que les agriculteurs puissent faire reconnaître officiellement leurs compétences acquises sur le terrain.

Naïo Technologies participe ainsi activement à la transition vers une agriculture plus durable tout en répondant au besoin de formation continue des agriculteurs.

Le Programme « Démonstrateurs Territoriaux » France 2030

Dans le cadre de France 2030, plusieurs projets territoriaux ont été soutenus pour promouvoir l’innovation agricole.

Parmi les lauréats annoncés en 2023, plusieurs initiatives renforcent la formation en pratiques agroécologiques et technologies innovantes. Elles ciblent des outils comme les capteurs IoT et le monitoring avancé des cultures. Ces projets unissent centres de formation agricole, instituts de recherche et exploitations locales. Ils visent à valoriser les compétences acquises via des certifications adaptées.

Cette démarche permet de répondre aux besoins spécifiques des territoires, tout en rendant l’agriculture plus résiliente et performante.

Accompagner l’agriculture dans sa transition numérique et humaine

La reconnaissance des compétences et l’adaptation aux nouvelles technologies sont des défis majeurs pour le secteur agricole. Pour relever ces défis, il faut valoriser les compétences acquises sur le terrain grâce à des dispositifs comme la VAE.

Les formations doivent également s’adapter aux nouvelles technologies, telles que la robotique et l’agriculture de précision. Renforcer les partenariats entre centres de formation, entreprises AgriTech et exploitations agricoles est essentiel. Cela permettra de mieux répondre aux besoins spécifiques des professionnels du secteur. Ces initiatives doivent s’accompagner d’un accès simplifié à l’information et aux ressources pour garantir une transition agricole réussie et inclusive.